A son retour, dans les années 70, elle travaille dans une entreprise finlandaise de débardage qui la conduit dans des forêts septentrionales dont les essences la charment. Sans doute ce nouveau contact avec la nature, avec les arbres en particulier, promesses de fibres, de papier, de cadres…. ne fut-il pas pur hasard, se dira-t-elle plus tard. Parallèlement à cette activité, elle s’initie à l’Acupuncture auprès d’un grand maître qui a vécu et enseigné plus de dix en Chine, le Professeur Laville-Méry. Ce dernier est si enthousiasmé par son art délicat du toucher et son sens intuitif des mille points d’accès au corps et à la psyché qu’il la convainc de devenir son assistante.
Années de pratique en région parisienne où elle vit désormais. Années d’initiation discrète et passionnée à la calligraphie japonaise, à l’élégante expression de ses signes noirs sur fonds blancs, couleurs de référence pour Garance Denaux. Années d’essais, de recherches, aux pinceaux, à l’encre, tracés le soir ou la nuit comme on tient un journal intime.
Depuis une dizaine d’années Garance Denaux est installée en Provence, s’attachant à poursuivre une aventure picturale étayée par la pratique d’un art austère et rigoureux: le Kyudo : Tir à l’Arc Japonais. C’est aussi bien sur des papiers aux fibres rares, tels le bambou et les algues, supports hyper-réactifs, que sur toiles de lin que Garance Denaux révèle les fulgurances ou les lenteurs de compositions dont chaque trait procède d’une unique expiration de son souffle. A la fois technique et poétique, au sens grec du terme, cette manière semble exprimer la quête d’une libération, ne serait-ce que fugitive, de la gravitation, jumelle en cela de la course de la flèche vers la cible.
Exceptés quelques tableaux aux couleurs “sfumate” où domine l’emploi de la laque garance et de l’or, Garance Denaux décline les variations infinies de l’alphabet chromatique du Noir et du Blanc. Parmi ses dernières oeuvres on remarque des assemblages de cordes de chanvre peintes sur bois ou sur toiles, ponts probables entre peintures et sculptures.
J. Laracine